Seule fait foi la version du discours effectivement prononcée

Louis Michel, Co-président UE

24ème session de l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE

Paramaribo – Suriname

27 novembre 2012

Madame la Présidente de l'Assemblée nationale,

Monsieur le Coprésident de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE,

Cher Musikari Kombo,

Chers collègues parlementaires,

Messieurs les Co-Secrétaires généraux,

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Geachte Voorzitter van de Nationale Assemblée,

Ik zou u graag persoonlijk willen bedanken voor uw deelname aan deze zitting.

Ik bedank ook de Surinaamse Nationale Assemblée voor de ontvangst en de ondersteuning van de organisatie van deze sessie.

Ik will ook onze collega Rabindre T. Parmessar danken voor zijn inspanning in de organisatie van deze zetting.

Onze agenda bestrijkt zeer uiteenlopende onderwerpen, die echter volledig aansluiten bij de actualiteit. Ik zou ze groeperen in twee grote clusters. Ten eerste: regionale integratie, handel en versterking van de democratie. Ten tweede: ontwikkeling – in het bijzonder de rol van energie in ontwikkeling en de toekomst van de MDG-agenda – alsmede, onder andere, het actuele debat over onze samenwerking 'post-Cotonou'.

(Intégration régionale dans les Caraïbes/ les APE comme outils d'intégration régionale)

Chers collègues,

À l’ère de l’intégration régionale, et de la constitution de grands blocs économiques et institutionnels dans le monde, les Caraïbes apparaissent comme une opportunité économique, démographique et politique.

Ce n'est pas sans raison qu’elles sont courtisées tant par les puissances traditionnelles que par les puissances émergentes, la Chine en tête. La région des Caraïbes se positionne sur l’échiquier mondial, car elle présente de nombreux atouts:

  • de bonnes perspectives macroéconomiques à moyen terme dans des pays, comme au Suriname, en Guyane ou à Trinité-et-Tobago;
  • une stabilité politique;
  • une offre touristique croissante avec une ouverture culturelle forte sur le monde;
  • une augmentation des transferts de fonds en provenance des travailleurs de la diaspora.

Elle est aussi un partenaire important pour l’UE, comme cela a encore été souligné lors du Conseil des Affaires étrangères du 19 novembre 2012.

Mes chers Amis,

Je suis profondément convaincu que l’intégration régionale reste le meilleur moyen de voir cette magnifique région s’épanouir au sein d’un monde globalisé.

A ce titre, je salue la mise en place de plusieurs structures comme l’Association des États de la Caraïbe, le marché commun caribéen (le CARICOM), le Cariforum ou encore l’Organisation des États de la Caraïbe orientale.

L’intégration régionale est un des moteurs principaux de croissance économique. La constitution de marché régionaux intégrés permet de créer des cercles vertueux, grâce à l’accroissement de la taille des marchés, les économies d’échelle engendrées, l’harmonisation des règles, l’inter-connectivité des infrastructures, et l’attrait exercés par conséquent sur les investissements étrangers. Tout ceci joue dans l’intérêt du consommateur qui peut avoir accès à plus de produits et à meilleur marché.

Aujourd’hui, je tiens à féliciter tout particulièrement la région des Caraïbes!

Je salue la mise en œuvre du premier APE «complet» conclu à ce jour entre l’UE et le CARIFORUM.

La région des Caraïbes a compris que seul un accord accompagné de l’aide adéquate peut dynamiser leurs échanges avec UE et avec leurs voisins.

Avec cet accord, les pays du CARIFORUM bénéficient désormais:

  • D’un accès 100% libre au marché européen pour leurs exportations;
  • D’un accès amélioré aux services et aux capitaux;
  • D’une meilleure compétitivité.

Je peux comprendre les réticences et les craintes de certains mais je reste persuadé que les pays du CARIFORUM ont fait le bon choix.

A ce sujet, le Président du Sénégal, Macky Sall m’a assuré lors des JED qu’il établirait une liste exhaustive des incertitudes, des craintes formulées par les pays africains et du Pacifique afin de pouvoir débloquer ensemble ce dossier.

Chers Collègues,

(Le Mali, la région des grands lacs et la Somalie)

(Mali)

Lors de notre dernière session plénière, au Danemark, nous avions relevé combien les conséquences du conflit libyen ont été néfastes pour nos amis Maliens.

Depuis l'indépendance autoproclamée en mars dernier du Nord Mali, la situation est pour nous tous, un sujet de grandes préoccupations.

Nous réaffirmons notre soutien ferme à l’unité et à l’intégralité territoriale du Mali. Le bureau a d’ailleurs programmé au premier semestre 2013, une mission d’enquête à Bamako.

Au-delà, c’est tout le Sahel qui est devenu une véritable poudrière en raison notamment de la pauvreté, du retour des combattants touaregs, de la faible capacité de gouvernance et de la circulation des armes provenant de Lybie.

C’est donc la stabilité de tous les pays de la région qui est mise en cause.

Il est essentiel que les pays voisins soutiennent le gouvernement en place sous peine de voir se créer un arc terroriste allant de la Mauritanie au Nigéria et se prolongeant jusqu'à la Corne de l'Afrique (définition large du Sahel).

La solution est régionale. Si la Mauritanie est un acteur clé face à un risque de somalisation du Sahel, l’engagement de l’Algérie hors de ses frontières est indispensable. De même, La Communauté internationale doit venir en appui à une intervention de la CEDEAO comme n’a de cesse de le répéter le président actuel de l’UA, le Président du Bénin Boni Yayi.

Chers collègues,

(RDC)

Un autre sujet de grande préoccupation : la situation dramatique qui sévit à l’Est de la RDC.

Je salue les efforts du Président Museveni à Kampala et l’engagement conjoint des Présidents Kabila et Kagame demandant au M23 de mettre immédiatement fin aux combats et de se retirer le plus rapidement possible.

Je reste profondément convaincu de la nécessité d’une réforme en profondeur du système sécuritaire en RDC pour assurer la stabilité et l’Etat de droit au Kivu.

Mais seule une solution régionale permettra une sortie de crise, réunissant outre Joseph Kabila et Paul Kagame, les Présidents d'Angola, José Edouardo dos Santos, de la République du Congo Denis Sassou Nguesso et d'Ouganda Yoweri Kaguta Museveni.

Le mandat de la MONUSCO doit être appliqué dans son intégralité en «utilisant tous les moyens nécessaires» pour assurer la protection des populations.

La Communauté internationale doit soutenir la mise en place d’un dialogue permanent entre les pays de la région, et plus particulièrement entre la RDC et le Rwanda. Il est plus que temps de trouver des solutions structurelles aux problèmes des deux Kivus

Cette crise a des conséquences humanitaires dramatiques: plus de 800.000 déplacés depuis avril 2012, d'innombrables victimes, surtout des femmes et des jeunes filles, victimes de violences sexuelles.

À cet égard, toute mon admiration va aux acteurs humanitaires et en particulier au Dr Denis Mukwege, directeur de l'hôpital de Panzi (Sud-Kivu), qui n'a de cesse d’alerter sur la faiblesse de la justice et de l’armée congolaises; de clamer son désarroi, de soigner sans relâche les corps, les cœurs et les âmes de ces mères, de ces sœurs, de ces fillettes, victimes d’actes innommables.

En détruisant ces femmes physiquement et moralement, en faisant de leur corps comme l’écrit Colette Braeckman «le champ de bataille d’une guerre d’une basse intensité», c’est un pays que l’on mène au chaos, que l’on enferme dans une spirale infernale de violence, c’est un peuple qu’on assassine.

(Somalie)

Les acquis fragiles de la paix et de la réconciliation nationale doivent faire face à la menace d’un retour à l’absence d’Etat et aux risques de déchirements fratricides.

Mais plus que d'argent, c'est d'espace politique dont a besoin le gouvernement de Sheikh Hassan Mohamoud. Les Somaliens veulent établir leur propre gouvernement, leur propre politique.

La Somalie doit affronter de nombreux défis. La piraterie n’est que la partie émergée de l’iceberg. On a trop longtemps fermé les yeux. C’est pourquoi il est si difficile aujourd’hui de la combattre. Si on avait agi plus tôt, elle n’aurait pas une telle ampleur et elle n’aurait pas généré une véritable économie parallèle.

Mais au-delà de la piraterie, le drame de la Somalie puise ses origines dans la violence et la pauvreté qui sont le quotidien des populations civiles. Cela n’excuse pas tous les crimes; Mais cette situation sociale pousse certains à rançonner les vaisseaux parce que la pêche n’est plus rentable.

La Corne devient le théâtre d’une polarisation croissante entre une ligne dit «pro-occidentale», chrétienne, laïque et une ligne «arabo-islamiste». Cette polarisation est extrêmement dangereuse car elle porte en elle les détonateurs explosifs du choc des cultures que d’anciens sont tentés d’instrumentaliser pour les pires raisons.

(Technologies de l'Information et de la Communication (TIC))

Chers collègues,

Parmi les multiples problèmes soulevés par ce que l'on appelle la "fracture numérique" (digital divide), une place centrale revient à la question de l'accès universel aux réseaux et services de télécommunications, et aux Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans leur ensemble.

Si «la terre est plate» comme le dit Thomas Friedman, il souligne également que 3 milliards de gens vivent encore dans un «monde non plat», loin des technologies et des changements socio-économiques.

La Banque mondiale estime qu'aujourd'hui, moins de 4% des Africains ont accès à l’internet, la pénétration de la bande large est inférieure à 1% en Afrique et 70% de l'ensemble du trafic internet dans le continent est réacheminé à l’extérieur du continent, entrainant un surcoût pour les usagers.

Nous devons tirer parti de ce formidable lien que créent les technologie de l’information et de la communication (TIC) à l’échelle planétaire pour créer plus de solidarité dans de nombreux domaines comme ceux de la santé, de l'environnement, de la diversité culturelle et, bien sûr , de l'éducation.

La mondialisation doit nous conduire à «un vivre ensemble planétaire». C’est ce vers quoi tendent les Nations Unies par le lancement du "Plan Marshall pour les nouvelles technologies de l'information et de la communication" qui vise à garantir d’ici 2030 l'accès universel aux Technologies de l'Information et de la Communication.

(Energy-MGDs/post-2015 Agenda)

Dear colleagues,

(Energy)

I have just mentioned that the world is witnessing a "digital divide" between those who have access to the technologies of communication and those who have not. But this is not the only "divide". Energy is also a domain were the divide is growing wider:

  • One-fifth of the world’s population lacks access to electricity and up to a billion more have access only to unreliable electricity networks;
  • Almost 3 billion people rely on solid fuels (i.e. traditional biomass and coal) for cooking and heating;
  • Energy poverty has a severe impact on the environment and on health and holds back economic development.

We are all aware of the fundamental role that energy access plays as a driver for development, in delivering health, education, food security and economic growth, to name but a few of the MDGs. With around € 2 billions of grants allocated to the energy sector in developing countries during the last 7 years, the European Union is a leader in empowering the world, and aims to increase access to modern energy services for the world's poorest.

(MDG)

Quite a lot has been achieved with regard to the MDG:

  • the extreme poverty has been cut to half its level of 1990;
  • over two billion people currently have access to improved sources of water
  • the share of urban residents in the developing world living in slums has declined from 39% in 2000 to 33% in 2012.
  • parity in primary school education between girls and boys is achieved..

If these results represent a tremendous reduction in human suffering, they are not a reason to relax.

Projections indicate that in 2015 more than 600 million people worldwide will still lack access to safe drinking water, almost one billion will be living on an income of less than $1.25 per day, mothers will continue to die needlessly in childbirth (inutilement en couches), and children will suffer and die from preventable diseases.

Meeting the remaining targets, while challenging, is possible, but only if governments do not waiver (renoncer) from their commitments made over a decade ago.

The 2015 deadline is fast approaching. In order to achieve outstanding goals, we need to intensify our contribution.

The post 2015 agenda keeps the focus on human development, while addressing emerging challenges such as climate change, food security or human rights.

(L'après Cotonou)

Chers collègues,

L’accord de Cotonou, véritable colonne vertébrale de notre partenariat, unique au monde, arrive à expiration en 2020.

D'intenses réflexions et de plus en plus fréquents débats sur son avenir ont lieu.

Les enjeux sont de taille.

Certes, il appartient aux acteurs et aux dirigeants des pays ACP, de définir leur propre avenir en tant que groupe, ainsi que le rôle des ACP dans le partenariat ACP-UE.

Nous allons devoir analyser toutes les options qui se présentent. Il faudra débattre en toute franchise sur les alternatives à l’accord de Cotonou (comme par exemple la Stratégie conjointe Afrique-UE).

Si de nombreux acteurs concernés, notamment au sein des parlements nationaux et de la société civile, continuent de défendre la valeur ajoutée de l’accord de Cotonou, c’est parce que les principes contenus dans l’accord (partenariat, responsabilité mutuelle, appropriation des politiques de développement…) sont éminemment estimables. C’est également parce que ce partenariat est complémentaire et représente un poids politique non négligeable dans un monde globalisé.

Les institutions conjointes et le dialogue politique, les valeurs communes partagées de part et d’autre, les intérêts communs (tels que la lutte contre la pauvreté, le développement social et économique durable, la paix et la sécurité, et la stabilité) sont les éléments essentiels de cet acquis.

C'est ensemble que nous l'avons fait; c'est ensemble que nous les avons solidement ancrés dans le texte de Cotonou et dans nos travaux de notre Assemblée; c'est ensemble que nous devrions, me semble-t-il, continuer à le faire.

Le 7eme sommet des Chefs d'État et de Gouvernement des pays ACP qui se tiendra les 13 et 14 décembre prochains à Malabo, en Guinée équatoriale, a précisément pour thème central la question que nous soulèverons lors de notre débat : "L'avenir du Groupe ACP dans un monde en mutation : défis et opportunités".

Enfin, je ne pourrai pas conclure sans évoquer la situation politique à Madagascar.

Je réaffirme que des élections libres, crédibles et démocratiques, acceptées tant par le peuple malgache que par la communauté internationale ne seront possibles que sila SADC:

  • assure la neutralité de la transition;
  • garantit l’application de l’art 20 de la feuille de route, prévoyant le retour des exiles
  • garantit qu’aucune exclusion aux élections présidentielles ne sera tolérée.

J’exhorte dès lors la SADC à prendre toutes les mesures nécessaires, en ce compris le recours aux sanctions, pour une application intégrale de la feuille de route.

(Conclusion)

Dit zijn enkele van de onderwerpen die wij zullen bespreken.

Het zijn soms gevoelige thema's die voor wrijving kunnen zorgen. Toch is het ook een kans om elkaar regelmatig te kunnen ontmoeten voor een uitwisseling zonder taboes. Rechtuit met elkaar discussiëren, zonder het daarom altijd eens te zijn over alles, maar met respect voor de ander en voor de ideeën van die ander, dat is de kern van parlementaire democratie.

Ik ben ervan overtuigd dat onze discussies ook dit keer weer levendig en verrijkend zullen zijn, en dat wij er alles moeten voor doen om ze vervolgens passend op te volgen.

Geachte Voorzitter van de Nationale Assemblée,

Dames en heren, dank u voor uw aandacht.

***