Les 107 pays ACP et de l’UE passent aux actes en matière de gouvernance mondiale
BRUXELLES| LOMÉ (IDN/ PRESSE ACP) – Les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et ceux de l’Union européenne passeront de la parole aux actes dans le domaine de la gouvernance mondiale en organisant des activités communes lors des conférences de l’Organisation des Nations Unies prévues cette année, selon les coprésidents du Conseil des ministres conjoint ACP-UE.
Le Conseil a publié une déclaration conjointe réaffirmant son engagement en faveur du Programme de développement durable à l'horizon 2030 des Nations Unies, et de la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
Le Groupe ACP et la partie européenne ont marqué leur accord pour mener des activités conjointes dans le cadre des événements suivants : le Forum politique de haut niveau (HLPF) sur le développement durable prévu en juillet ; le Sommet des dirigeants sur le Pacte mondial prévu en septembre ; et la 24e session de la Conférence des Parties (COP24) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui se tiendra en décembre.
La ministre des Affaires étrangères et du Commerce extérieur de la Jamaïque, Kamina Johnson Smith, et la Vice-première ministre et ministre des Affaires étrangères de la Bulgarie, Ekaterina Zaharieva, ont déclaré que les activités conjointes ACP-UE faisaient partie des initiatives visant à préparer le terrain pour un accord post-Cotonou destiné à renforcer le partenariat entre le Groupe ACP et les 28 États membres de l’Union européenne.
Ces deux personnalités s’exprimaient lors d’une conférence de presse conjointe organisée à l’issue de la session du Conseil des ministres ACP-UE de deux jours, qui s’est achevée le 1er juin à Lomé, la capitale du Togo, en Afrique de l’Ouest.
L’Accord de Cotonou, adopté en 2000 pour faire suite à la Convention de Lomé de 1975 et à l’Accord de Georgetown , expire en février 2020. Les travaux ont déjà démarré pour poser les jalons du futur partenariat entre les pays ACP et l’UE. L’Accord actuel prévoit l’ouverture des négociations pour la fin d’août 2018 au plus tard.
Dans cette perspective, les ministres ACP ont adopté le 30 mai à Lomé, un mandat de négociation en vue d’un accord post-Cotonou avec l’Union européenne, qui souligne que le Groupe ACP « entreprendra en tant qu’entité unique, les négociations avec les États membres de l’UE et la Commission européenne en vue d’un accord appelé à remplacer l’Accord de partenariat actuel. »
Les ministres ACP veulent un accord post-Cotonou global s’appuyant sur une réévaluation du partenariat ACP-UE par rapport aux réalités économiques et géopolitiques d’aujourd’hui, quisont radicalement différentes de celles qui prévalaient en 1975 au moment de la signature de la première Convention de Lomé entre les neuf États membres de la CEE de l’époque et les 46 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique.
Depuis lors, le nombre de pays membres du Groupe ACP est passé à 79, et celui de l’UE à 28, et bientôt à 27, après le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit) en mars 2019. Le Brexit entraînera la perte de la contribution du Royaume-Uni au budget du Fonds européen d’investissement (FED).
Les ministres ACP ont par ailleurs mis en lumière les divergences de priorités entre les nouveaux États membres, aussi bien du côté du Groupe ACP élargi que de l’UE dans sa configuration actuelle, ce qui nécessite une adaptation de l’Accord de partenariat ACP-UE.
Dans le même temps, de nombreux États membres ACP figurent désormais dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire (PRI), alors qu’ils restent confrontés à des défis structurels majeurs liés aux inégalités, à la pauvreté, au sous-développement et à la vulnérabilité croissante qui touchent également les pays les moins avancés (PMA). Toutefois, les pays ACP ont un dénominateur commun, à savoir leur objectif partagé d’œuvrer pour un développement économique durable au bénéfice de leurs populations.
À Lomé, le Conseil des ministres conjoint ACP-UE a examiné la situation des pays à revenu intermédiaire en évoquant notamment le « piège du revenu intermédiaire », qui signifie que lorsqu’un pays sort de l’extrême pauvreté pour intégrer la catégorie des pays à revenu intermédiaire, il risque d’être bloqué à ce stade et cesser de progresser pour devenir des pays à revenu élevé, mettant ainsi en péril la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Ce Programme, adopté par la communauté internationale en septembre 2015, vise à réaliser 17 objectifs de développement durable (ODD) et 169 cibles. Il s’agit d’un plan d’action en faveur des populations, de la planète et de la prospérité, qui entend également renforcer la paix universelle dans une plus grande liberté, ce qui montre la portée et l’ambition de ce nouvel agenda mondial.
L’Accord de Paris de décembre 2015 s’appuie sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et rassemble, pour la première fois, toutes les nations autour d’une cause commune consistant à entreprendre d’ambitieux efforts pour lutter contre le changement climatique et s’adapter à ses effets, avec un soutien accru pour aider les pays en développement à y parvenir. Ainsi, cet accord impulse une nouvelle direction aux efforts mondiaux en matière de climat.
La déclaration conjointe ACP-UE souligne la fréquence et la gravité croissante des catastrophes naturelles qui ont récemment frappé de nombreux pays ACP, notamment le cyclone tropical Gita dans le Pacifique, les ouragans Irma et Maria dans les Caraïbes, et la sécheresse qui a sévit dans la Corne de l’Afrique et en Afrique australe.
À cet égard, la déclaration note avec une « profonde inquiétude » que les effets cumulés des contributions déterminées au niveau national, ne sont pas encore suffisants pour tracer un profil d’évolution vers la réalisation de l’objectif à long terme de limiter à moins de 2° C la hausse de la température mondiale moyenne par rapport aux niveaux préindustriels, et de poursuivre les efforts menés pour contenir cette hausse à 1,5° C.
Elle réaffirme en outre les engagements pris par tous les pays pour renforcer la réponse mondiale à la menace du changement climatique. De plus, elle pointe la nécessité urgente de créer des environnements favorables par la mise en place de cadres réglementaires, et d'investir dans des mesures de changement plus radicales.
Les ministres ACP et de l’UE reconnaissent les efforts déployés par de nombreux pays pour mettre en œuvre le Protocole de Kyoto, et encouragent les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier l’Amendement de Doha.
La déclaration conjointe se félicite également de la dynamique grandissante à l’échelle mondiale pour accélérer la transition vers un développement avec de très faibles émissions de gaz à effet serre et des économies résilientes au changement climatique. Elle soutient les efforts inlassables que mènent à cet égard les États ACP et de l’UE, notamment aux niveaux régional et national, et par le biais des acteurs non étatiques.
Les deux parties attendent avec intérêt des preuves supplémentaires du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et, en particulier, le Rapport spécial de ce Groupe sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils connexes d’évolution des émissions de gaz à effet de serre.
Les ministres ACP et de l’UE saluent le lancement du Dialogue de Talanoa visant à évaluer les efforts des différentes Parties, en relation avec les avancées vers la réalisation de l’objectif à long terme en matière de température, et à éclairer l’élaboration des contributions déterminées au niveau national conformément à l’article 4.8 de l’Accord de Paris.