La réforme du régime du sucre de l’UE pénalise durement les industries sucrières des pays ACP et des PMA
Brussels, 19 October 2017/ ACP:Le régime qui gère le marché du sucre de l’Union européenne (UE) a changé depuis le 1er octobre 2017 avec la suppression des quotas. Dans le cadre de l’Accord de partenariat économique et de l’Initiative “Tout sauf les armes” (TSA), les fournisseurs de sucre à destination de l’UE, composés principalement de petites économies vulnérables, s’étaient fermement opposés à la suppression des quotas de sucre dans l’UE, quand l’idée a été lancée en 2013.
A la 20e réunion du Comité ministériel commercial ACP, le Président du sous-comité ACP sur le Sucre, S.E. M. Dylan Vernon, Ambassadeur de Belize, a commenté l’impact de la réforme de l’UE sur les exportations des pays ACP vers l’UE. Ayant rappelé la récente étude Cardno relative à l’incidence de cette réforme sur les fournisseurs ACP, l’Ambassadeur a relevé que, malgré l’incertitude liée au résultat final de cette réforme, la production de sucre dans l’UE devrait augmenter.
S.E.M. Vernon a ajouté : « Le changement de la politique de l’UE a déjà fortement contribué à la baisse des cours du sucre sur le marché européen. Comme le prouveront les statistiques de la prochaine année de commercialisation 2017/2018, la nouvelle politique sucrière de l’UE entraînera une réduction considérable des importations provenant des Etats ACP et des PMA, et compromettra encore plus le régime des prix préférentiels qui a favorisé, jusqu’à présent, le développement socio-économique de ces pays. Dans le même temps, nous constaterons probablement que la quantité de sucre exportée par l’UE vers les marchés mondiaux, y compris vers certains marchés régionaux que l’étude Cardno nous recommandait de cibler pour commercialiser notre sucre, aura plus que doublé. Ces conséquences conjuguées à l’atteinte déjà portée à nos efforts communs de développement, prouvent que nos critiques constantes sur l’incohérence de la politique européenne quant à la suppression des quotas étaient pleinement justifiées. »
Les propres perspectives à moyen terme de la Commission européenne , prévoyaient que la levée des quotas de production de sucre de l’UE à compter d’octobre 2017, entraînerait pour les fournisseurs préférentiels de l’UE une baisse des prix de vente pour de plus faibles quantités de sucre, puisque les prix du sucre dans l’UE sont susceptibles de se rapprocher de ceux des marchés mondiaux, voire de se négocier à un niveau inférieur. Par ailleurs, les cours du sucre au sein de l’UE pourraient devenir encore plus volatiles.
L’Ambassadeur a déclaré en outre que le maintien par l’UE des subventions en faveur de son industrie sucrière, en particulier par le biais du soutien facultatif couplé fourni aux producteurs de betterave de dix États membres, porte véritablement préjudice aux perspectives commerciales ACP en Europe.
Théoriquement, aucun changement ne sera constaté au niveau des dispositions d’importation de l’UE par rapport aux fournisseurs des pays ACP et des PMA, qui pourront continuer d’exporter du sucre vers l’UE selon les modalités d’accès au marché convenues dans le cadre des Accords de partenariat économique et de l’Initiative « Tout sauf les armes ». Cependant, la politique commerciale européenne est loin de tout expliquer car, l’accès au marché en exemption de droits et de quotas n’offre pas, à lui seul, des préférences rentables aux exportateurs des pays ACP et des PMA. Pour réaliser cet objectif, la cohérence de la politique de développement doit également s’étendre à la politique agricole intérieure de l’UE.
L’Ambassadeur Vernon a également insisté sur un point essentiel évoqué dans l’étude Cardno concernant les Mesures d’accompagnement en faveur des anciens pays signataires du Protocole sur le sucre (AMSP). Il a indiqué à cet égard que ce dispositif a certainement aidé les producteurs de sucre ACP à s’adapter au nouvel environnement du marché, mais que sa contribution a été variable et que de nombreux pays ACP n’ont pas pu atteindre les objectifs fixés dans leurs stratégies nationales d’adaptation. Quelques pays ACP doivent dès lors poursuivre leurs efforts. Certains d’entre eux restent confrontés à d’énormes défis, ce qui nécessite la mise en œuvre de profondes réformes pour remédier aux effets de la modification du régime sucrier de l’UE sur leurs économies nationales.
Le Groupe ACP invite l’Union européenne à proposer et à adopter des politiques plus cohérentes et plus favorables au développement, tant pour sa politique agricole intérieure que pour sa politique commerciale.
Study on Current and Forecast Market Developments for ACP Sugar Suppliers to the EU Market available at https://www.acpsugarbrexit.com/s/Cardno-Report-Study-on-the-current-and-forecast-effects-of-the-EU-sugar-regime-reform-and-trade-poli.pdf
https://ec.europa.eu/agriculture/markets-and-prices/medium-term-outlook_en