Journée de la Femme aux Secrétariat ACP : Discours du Secrétaire général
Maison ACP, vendredi 8 mars 2013
Monsieur le Président du Comité des Ambassadeurs, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs, Chers invités,
Je me réjouis de vous accueillir personnellement aujourd’hui à la Maison ACP en ce jour dédié à la Femme. Je voudrais donc souhaiter la plus cordiale des bienvenues à toutes les femmes ici présentes et profiter pour les remercier, au nom des Hommes de l’assistance, pour le rôle fondamental qu’elle joue au quotidien dans notre monde et nos environnements respectifs. Ce ne sont pas les spécialistes de l’éducation qui me contrediront. Nombre d’entre eux ont observé que le niveau d’instruction et de culture se transmet plus entre mère et enfants. Plusieurs études savantes arrivent aux mêmes conclusions quant à la transmission de bonnes habitudes en matière d’alimentation, de santé, d’écoute d’autrui, de compassion, et d’esprit d’équipe. Dans le monde politique, les femmes au pouvoir font du bien à la démocratie. Elles le sacraliseraient moins et s’adonnent toute entière à l’action. Un proverbe afghan nous rappelle que «le travail d’une femme vaut plus que le discours de cent hommes». Point n’est besoin de souligner ici leur contribution au sein de la cellule familiale où «elles assurent la solidité et la continuité du réel».
Il a été décidé de célébrer cette année, au Secrétariat ACP, les Femmes qui s’adonnent au travail d’écriture. Elles sont nombreuses dans nos Etats qui s’y dédient entièrement avec une passion intense, une abnégation sans faille et une volonté farouche. D’après Marguerite Duras, «L’écrivaine a deux vies: une, celle à la surface de soi, qui la fait parler, agir, jour après jour. Et l’autre, la véritable, qui la suit partout, qui ne lui donne pas de repos».
Des femmes d’Afrique qui se sont distinguées par une contribution remarquable dans les domaines politiques, sociaux et culturels sont aussi le sujet d’une exposition itinérante que nous avons le bonheur d’abriter grâce à l’amabilité de l’ASBL Coopération pour la Culture et le Développement.
Le choix de mettre en exergue les Femmes ACP en littérature n’écarte pas l’urgence qui a conduit, en 1977, les Nations Unies à instaurer officiellement une Journée Internationale pour les droits des Femmes dont les conditions de vie devaient être substantiellement améliorées. De la revendication pour la citoyenneté politique, du droit de vote, entre autres, on mesure davantage au fur et à mesure des victoires et des avancées que beaucoup reste encore à faire. La liste des réclamations est encore longue et la réflexion et la volonté peuvent permettre aux Femmes de trouver leur intérêt et leur idéal. Heureusement, nombreux sont ceux qui sont pétris de justice, de paix, de vérité et de progrès. Nombreux sont ceux qui veillent à ce que le 8 mars devienne dans l’absolu un moment de fêter, de rendre hommage et ne soit plus celui d’un vol au-dessus d’un nid d’injustices. Malheureusement, les injustices faites aux femmes sont encore trop nombreuses et la mobilisation est de rigueur afin de manifester contre les ultimes tentacules qui les enferment toujours dans un univers de douleur et de souffrance et qui portent atteinte à leur dignité. J’estime que les discriminations, les intimidations, les persécutions, les épreuves méchantes et, combien gratuites doivent cesser. Elles ne doivent plus être les victimes directes ou collatérales de conflits dont elles ne sont pas les auteures.
Le thème retenu par les Nations Unies pour la célébration de ce millésime 2013 nous rappelle que “une promesse est une promesse: il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes». Ce thème consacré à un sujet peu rassurant, effroyable explique le cri de mobilisation du Secrétaire Général Ban Ki Moon, qui, le 25 novembre dernier, soulignaientque les Etats du monde devaient s’engager à mettre fin aux violences contre les femmes «un fléau qui touche des millions de femmes et de filles à travers le monde». Il a précisé ” Jusqu’à 70 pour cent des femmes subissent des violences physiques ou sexuelles à un certain moment dans leur vie (et) autant que d’un quart de toutes les femmes enceintes sont touchées,” avant d’ajouter : ” Des millions de femmes et de filles à travers le monde sont agressées, battues, violées, mutilées ou même assassinés dans ce qui constitue des violations épouvantables de leurs droits de l’homme.”
J’associe ma voix à celle de la Directrice exécutive de ONU Femmes, Michelle Bachelet, pour marteler avec force et conviction “Enough is enough”. Son allocution prononcée cette semaine à New York, lors de la cinquième manifestation annuelle sur les principes d’autonomisation des femmes, laisse entendre et transpirer toute la révolte contre des actes barbares, mais aussi toute la détermination à amener les nations qui ont librement pris l’engagement de déclarer la juste guerre contre les violences subies par les femmes, à tenir leur promesse, à l’honorer.
Je crois qu’il nous faut unir nos énergies pour faire disparaître les actions brutales, agressives et les mécanismes d’exclusion. Tout peut changer!!! Tout doit changer!!! A cet égard, c’est à l’évidence une tâche difficile, ardue, mais le dévouement à la cause, la volonté inébranlable permettront de dominer ensemble ce problème à l’ampleur internationale et humaine qui affecte nos sociétés. Je vais me permettre de paraphraser le proverbe africain qui stipule «Qui a planté un arbre n’a pas vécu inutilement» en disant «qui aura contribué à rendre sa dignité aux femmes battues, violées, violentées n’aura pas vécu inutilement».
Mesdames et Messieurs,
Les Nations Unies ont voulu rendre hommage aussi ce 8 mars 2013 aux trois sœurs Mirabal, activistes dominicaines assassinées le 25 novembre 1960. Cette annonce a été faite le 25 novembre dernier, date qui est consacrée à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les sœurs Mirabal sont connues tristement pour avoir résisté en tant que citoyennes et femmes à la dictature du régime en place à l’époque. En musique, grâce à la voix et à la musique de leur compatriote Milly Quezada, nous allons nous souvenir d’elles et leur payer un vibrant hommage. Entre temps, au siège des Nations Unies, à la cérémonie d’ouverture de cette Journée Internationale de la Femme, qui débute presqu’en même temps que la nôtre, vingt-cinq artistes femmes, dont plusieurs sont originaires de pays ACP, entonneront un morceau spécialement écrit pour la circonstance: One Woman. We are One Woman. Si la technologie le permet, nous vous le ferons écouter avant de terminer notre programme.
Mesdames et Messieurs,
En travaillant pour l’éradication prochaine de toutes les injustices faites aux femmes et l’acquisition de tous leurs droits, je vous propose une anticipation en considérant ce jour non seulement comme un jour de manifestation, mais aussi comme un jour de célébration, de Fête. Bonne Fête à toutes les femmes ici présentes et aux Femmes des Etats du Groupe ACP et du monde entier.
Je voudrais aussi dire «Bonne Fête des Femmes aux hommes». Car quand une femme est heureuse, elle rend heureux ses proches, fils, mari, parent ami. Chaque fois qu’une femme s’épanouit, cela rejaillit sur son environnement.
Je vous remercie de votre attention.