Déclaration commune des Chefs de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, de la Communauté des Caraïbes et du Secrétariat du Forum des îles du Pacifique sur la pandémie de COVID-19
Bruxelles, 18 mai 2020/OEACP : La propagation planétaire de la pandémie de COVID-19 et ses répercussions socio-économiques sur l’ensemble de la population mondiale exige que la communauté internationale œuvre de concert pour faire face à ses conséquences sur la santé humaine et à ses effets perturbateurs sur l’économie mondiale interconnectée. Cette pandémie dévastatrice est en train de bouleverser notre monde et d’exacerber les inégalités dans nos sociétés. Ensemble, nous devonsdéployer une réponse coordonnée et inclusive, et des efforts de relèvement visant à bâtir des économies et des sociétés en bonne santé, équitables, sûres, saines et résilientes.
Á cet égard, l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), le Secrétariat de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique (FIP) expriment leur solidarité envers la communauté internationale, en particulier aux régions d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, dans le contexte de la lutte collective et résolue que nous menons contre la propagation du COVID-19, cet ennemi invisible de l’humanité.
En cette période difficile, il est essentiel de promouvoir une coordination accrue entre tous les pays et régions en vue de la prévention, du traitement et de l’éradication à terme de la maladie. Nous nous faisons l’écho de l’appel du Secrétaire général des Nations Unies (NU) à un cessez-le-feu immédiat au niveau mondial afin de renforcer l’action diplomatique, permettre la fourniture de l’aide humanitaire vitale et protéger les personnes les plus vulnérables à la pandémie.
Le COVID-19 a eu un impact négatif sur toutes les économies à travers le monde, notamment en ce qui concerne les cours des produits de base, les recettes fiscales, les recettes de change, les flux financiers étrangers, les chaînes d’approvisionnement alimentaire, les restrictions de voyage, les industries du voyage, de l’hôtellerie et du tourisme, ainsi que le marché du travail. Nous reconnaissons que ces difficultés économiques et sociales risquent d’être plus dévastatrices dans les pays en développement. Nous sommes profondément préoccupés par les graves conséquences potentielles de la pandémie sur les économies et les moyens de subsistance de nos États membres.
Tout en saluant la récente décision de créanciers internationaux comme le Fonds monétaire international(FMI) et la Banque mondiale d’alléger la dette des pays à faible revenu, nous demandons que cet allègement soit élargi aux économies les plus vulnérables du monde parmi lesquelles figurent nos États membres.
La crise liée au COVID-19 met à rude épreuve les systèmes de santé dans bon nombre de nos pays déjà confrontés à des difficultés, qui sont en outre dépourvus du matériel médical nécessaire, de kits de dépistage et d’équipements de protection, en très forte demande dans le monde et difficiles à trouver. Il est probable que les services de santé soient submergés par les malades de coronavirus, au point que les personnes atteintes de maladies transmissibles et non transmissibles à lourde charge de morbidité soient privées de l’accès à des soins médicaux adéquats. Cette situation pourrait entraîner une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Nous notons avec préoccupation que les questions liées à la protection sociale se font jour à la suite du COVID-19, en particulier dans nos communautés les plus vulnérables. Nous appelons dès lors à des efforts de relèvement au niveau mondial visant à mettre sur pied des infrastructures et des systèmes de santé ainsi que des mesures de protection sociale assurant un accès équitable et inclusif pour tous.
Nous sommes conscients que la pandémie est susceptible de provoquer des conséquences désastreuses sur les économies et les moyens de subsistance de nos États membres et d’aggraver les inégalités dans nos sociétés. Déterminés à protéger les vies et les moyens de subsistance de nos populations, nous appelons également nos partenaires au développement et les organisations multilatérales pertinentes – le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Banque mondiale (BM), le Programme alimentaire mondiale (PAM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – à mettre en place, en coordination avec nos institutions régionales, les programmes d’intervention d’urgence nécessaires à court, moyen et long terme pour aider les pays en développement à surmonter les conséquences de la pandémie de COVID-19.
Nous invitons instamment nos partenaires au développement à collaborer promptement, en éliminant toute bureaucratie inutile, pour faciliter le mouvement des professionnels de santé, des cargaisons essentielles et des fournitures médicales d’urgence vers les communautés affectées dans nos régions.
Nous reconnaissons que, même si la pandémie de COVID-19 constitue la menace la plus urgente qui pèse aujourd’hui sur l’humanité, le changement climatique reste la plus grave menace à long terme.
Nous demandons par ailleurs à tous nos pays de veiller à ce que les mesures de relèvement économique à la suite du COVID-19 soient conformes aux objectifs de l’Accord de Paris. Le caractère transfrontalier de cette pandémie renforce l’importance du multilatéralisme pour surmonter nos défis communs.
Compte tenu de la crise en cours et de ses effets socio-économiques disproportionnés sur les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, nous nous engageons, au nom des Organisations mentionnées ci-dessous, à coordonner nos efforts et à mutualiser les ressources disponibles pour aider nos États membres respectifs à répondre aux défis que pose la pandémie de COVID-19.
S.E.M. Georges Rebelo Pinto Chikoti, Secrétaire général de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP)
S.E.M. Irwin LaRoque, Secrétaire général de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et du Forum caribéen de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (CARIFORUM)
S.E. Dame Meg Taylor, Secrétaire générale du Forum des îles du Pacifique (FIP)