Bruxelles, 25 juin 2013/ Communique de presse ACP: Le Groupe ACP a mis en garde le Conseil européen contre une instabilité du marché et un risque sérieux pour ses économies en développement si la proposition d'abolir les quotas sucriers de l'UE en 2015, plutôt qu'en 2020, est adoptée cette semaine. Cet ultime appel intervient au moment où les négociations de haut niveau sur la politique agricole de l'UE devraient prendre fin ce mercredi à Bruxelles.
Lors de la session de l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE tenue la semaine dernière, les pays ACP ont également exprimé de vives préoccupations face au manque de clarté de la Commission européenne concernant les instruments de marché appelés à remplacer le système de quotas pour assurer la régulation du marché et la sauvegarde des intérêts publics, qui constituent les principales raisons de la création même de ce système.
S'exprimant au nom des États ACP producteurs de sucre, le ministre de l'Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire de Maurice, M. Satya V. Faugoo, a plaidé auprès des ministres européens de l’Agriculture en faveur d’une période de temps suffisante pour restructurer les industries sucrières ACP, afin de les rendre plus compétitives à l'horizon 2020.
"Une telle décision favoriserait une plus grande cohérence entre le commerce, le développement et l'agriculture", a-t-il indiqué dans une lettre adressée à l’Hon. Simon Coveney, ministre irlandais de l'Agriculture, de la Marine et de l'Alimentation.
Selon certaines études, l'absence de quotas se traduira par une perte de recettes estimée à 850 millions d'euros jusqu'en 2020 pour les producteurs de sucre ACP, parmi lesquels figurent cinq des pays les moins avancés (PMA) du monde. Les membres ACP préconisent que le régime actuel soit prolongé de cinq ans afin de permettre l’achèvement des plans d'action définis conjointement avec l'UE pour mener à bien la modernisation, la diversification et le renforcement de l'efficacité des industries sucrières ACP.
Une prolongation s'avère également nécessaire car le décaissement des ressources au titre du programme d'appui de l'UE (mesures d'accompagnement relatives au sucre) destiné à accroître la libéralisation du marché a été plus lent que prévu.
"Des études indépendantes et celles menées par la Commission européenne elle-même sont parvenues à la conclusion que la suppression des quotas sucriers entraînera une baisse du prix intérieur du sucre, réduisant de ce fait l'attractivité des importations, y compris celles [provenant de pays ACP] qui bénéficient d’un accès préférentiel. Cette situation ôtera, à terme, tout sens à l'accès du sucre ACP au marché communautaire en franchise et sans contingentement, et pourra entraîner sa disparition de ce marché ", a déclaré M. Faugoo.
Il a ajouté qu'il n'existe pas de preuve d'une répercussion de la baisse des prix sur le consommateur final à travers les produits transformés.
Établissant une comparaison avec la reconduction probable de la politique sucrière des États-Unis, qui prévoit notamment des limites pour la production nationale et une part de marché de 15% réservée aux pays en développement, le groupe Sucre ACP appelle la partie européenne à honorer les principes stipulés dans plusieurs accords ACP-UE, tels que l'Accord de Cotonou, les accords de partenariat économique (APE) et l’initiative « Tout sauf les armes » (TSA), qui visent à protéger les petits partenaires commerciaux vulnérables de l’UE.
Les États ACP producteurs de sucre sont notamment : la Barbade, Belize, la République du Congo, Fidji, Guyana, la Côte d'Ivoire, la Jamaïque, le Kenya, Madagascar, le Malawi, Maurice, le Mozambique, Saint Kitts-et-Nevis, le Suriname, le Swaziland, la Tanzanie, Trinité-et-Tobago, l'Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe.
Pour de plus amples informations, prière de contacter Mme Josephine Latu-Sanft, Attaché de presse au Secrétariat ACP, à Bruxelles. Téléphone: 02 -743,06/17 Email: latu@acp.int .